Dans l’histoire de la zone géographique « Bazadais-Haute Lande », les Cercles ont joué un rôle considérable. Institutions très anciennes, ces hauts lieux de la politique villageoise sont nés au sortir de la révolution et ont connu un fulgurant développement sous la troisième république (cf. Alain Trémond – Cercles et Sociabilité en Gascogne).
Ils sont l’émanation de propriétaires, de professions libérales et négociants. Ils s’adressent d’abord aux classes aisées et constituent la matérialisation des antagonismes qui déchirent le clergé et la bourgeoisie locale à travers la querelle de l’école. De ce conflit nait un mouvement républicain qui s’enracine facilement sur le terreau de l’économie locale en plein développement :agriculture et industrie du bois, transport et transformation.
Dans cet élan, les notables souvent assez lettrés recherchent alors un soutien populaire auprès des populations modestes (bergers, résiniers,…) le plus souvent analphabètes. Ce mouvement « républicain » gagne et rallie d’autres catégories sociales comme les commerçants et artisans qui apparaissent massivement dans les créations de Cercles à partir des années 1860-1870, avec parmi eux nombre de compagnons qui véhiculent leur connaissance du milieu urbain et des luttes sociales. Paysans, métayers et ouvriers les rejoindront rapidement.
Deux thèmes privilégiés émergent dans l’histoire des cercles: la créations d’un « espace social » fraternel et solidaire (longtemps réservé aux hommes…) et l’émergence d’une forte « conscience politique » qui va déboucher sur l’apprentissage de la démocratie pour un grand nombre de citoyens. Les statuts de 1898 sont à l’image de cet esprit de fraternité.
Créé en septembre 1898, Le Cercle des Ouvriers de Saint-Symphorien rassemble des notables, des professionnels du bois, des métayers, des gemmeurs, des ouvriers des scieries, des artisans et des commerçants, et enfin des employés et des ouvriers « métallos » du dépôt de réparation du chemin de fer (appelé ici le dépôt).
Tous les Cercles se nomment « de la concorde », « de la paix », « des travailleurs », « de l’union », « de l’avenir », « des démocrates » ou encore « des citoyens » illustrant parfaitement leurs idéaux républicains. Par la suite, de très nombreux Cercles ont vu le jour, mais beaucoup ont disparu faute de n’avoir été que de simples bistrots sans réelles racines sociales.
Le Cercle Ouvrier de Saint-Symphorien a joué un puissant rôle fédérateur d’unité sociale dès sa fondation sous l’influence de Joseph Callen, industriel local de la résine, député -maire, conseiller général du canton et un temps président de l’assemblée départementale de la Gironde.
L’histoire du Cercle Continue avec l’achat du bâtiment. Le 25 février 1911, l’association se porte acquéreur du bâtiment par souscription après un vote à bulletin secret de 109 voix pour et 49 voix contre.
Aujourd’hui, la prise de conscience d’un certain retour aux valeurs fondamentales de notre démocratie fait redécouvrir ce que nos anciens avaient patiemment mis en place, il y a plus de 120ans.
Ainsi est née en 1998 la Fédération des Cercles de Gascogne réunissant à ce jour 18 Cercles actifs qui, toutes proportions gardées, restituent fidèlement l’esprit de sociabilité et de culture propres à ces véritables institutions.
En 2015, trois Cercles supplémentaires sont en cours de création et devraient voir le jour rapidement.
A Saint-Symphorien, l’attachement des paroupians (habitants du village) à leur Cercle fait de ce lieu un patrimoine à préserver. Un équipe de bénévoles dévoués permet au Cercle d’offrir un programme culturel de qualité alliant la musique, la chanson, la littérature, le théâtre et diverses animations en partenariat avec les principaux acteurs institutionnels locaux.